La crue du Boscodon aux Crots (05)

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Présentation générale - Caractéristiques du bassin versant

Le torrent du Boscodon confluent avec la Durance un peu en aval d'Embrun, dans le lac de Serre Ponçon. Il est capable de former des laves torrentielles boueuses très caractéristiques. Il draine un bassin versant d'une superficie de 27 km² formé de trois affluents principaux :

 Le torrent du Colombier rejoint le Boscodon au sommet du cône de déjection, à proximité de l'abbaye. Sa contribution est alors - par apports aux énormes apports amont - relativement modeste. Il draine un bassin versant de 4 km² environ.

 Le torrent de Bragousse fournit l'essentiel des matériaux. Bien que relativement peu étendu (5.6 km² de bassin versant), il forme de puissantes laves torrentielles. Son bassin versant est largement décrit ci-dessous.

 Le torrent de l'Infernet draine - de loin - le bassin versant le plus étendu (16 km²). Cependant l'érosion y est assez faible et les débits de crue sont relativement modestes, la forêt couvrant une forte fraction du bassin versant.

 

Erosion dans le torrent de Bragousse

Le bassin versant est formé, surtout dans son cours supérieur, de roches particulièrement sensibles à l'érosion :

 Terrains glaciaires fournissant en particulier de gros blocs,

 Gypses et cargneules dans le haut du bassin.

 

La figure suivante est une vue d'ensemble du Cirque de Bragousse (haut du bassin versant) :

On observe aussi, des zones d'érosion très actives, un peu en aval, comme ici en rive droite :

Un ensemble de barrage (groupe B1) est formé en aval immédiat du Cirque de Bragousse. Les respirations du lit dans ce site sont extrêmement importantes comme le montre la photo suivante (juillet 1998) :

Ces respirations correspondent nettement à des pentes d'atterrissement différentes, illustrant ainsi plusieurs étapes du fonctionnement du torrent.

 

En aval de ce cirque, le torrent a formé une gorge marquée. Un important glissement de terrain longe la rive gauche, comme le montre la photographie suivante (photo prise de l'amont) :

Dans toute cette gorge, le volume de matériaux disponible est considérable, le torrent pouvant éroder le glissement de terrain de rive gauche comme les dépôts énormes situés en fond de gorge. Entre deux crues, le volume de matériaux disponible se reconstitue permettant la formation de nouvelles et puissantes laves.

 

Deux éléments permettre d'illustrer l'ampleur des phénomènes :

 Le bloc de 250 m³ environ (près de 700 tonnes ! ) déposé dans le lit lors de la dernière crue (photo RTM 05) :

 Les variations du niveau du lit au droit des barrages B2 (photos RTM 05).

1939

1951

 Après la traversée d'une gorge rocheuse, le Bragousse confluent avec l'Infernet. Les respirations du lit sont alors très importantes.

  

La crue de juin 1998

Formation et propagation de la lave torrentielle

Plusieurs crues se sont produites au début de juin 1998. En l'absence d'étude de détail, il apparaît que l'enchaînement des crues est complexe, le Boscodon ayant connu des successions de laves torrentielles et de charriage hyperconcentré au gré des épisodes de pluies. La morphologie du lit est donc à l'image des phénomènes, complexe et embrouillé.

 Les laves torrentielles se sont formées dès l'amont du torrent du Bragousse. Selon toute vraisemblance, elles se sont chargées en matériaux en reprenant d'anciens dépôts dans le lit. La photographie suivante montre une reprise intense dans des dépôts, causée par des laves torrentielles mais aussi par du charriage.

 Le torrent de l'Infernet, classiquement, n'a pas apporté de grande quantité de matériaux et n'a pas formé, à proximité du confluent, de lave torrentielle. Les laves du Bragousse ont alors "bénéficié" d'un apport liquide significatif étant donnée l'ampleur du bassin versant de l'Infernet.

Le rôle de ces apports liquides est difficile à connaître. En effet, la lave torrentielle correspond à une concentration en eau relativement pointue. Un apport d'eau peut la faire sédimenter ou, au contraire, la fluidifier. Il semblerait que le second phénomène soit prépondérant au confluent Bragousse - Infernet.

 A partir de ce confluent, le phénomène prépondérant est le transit des matériaux.

 

Dégâts sur le cône de déjection

La succession de laves a détruit ou endommagé de très nombreux ouvrages à proximité du lit du torrent :

 Barrages en partie détruits, souvent par arrachement lors du passage de la lave. De très nombreuses cuvettes d'ouvrages ont été détruites. On voit sur la photographie ci-contre une aile de barrage arrachée, ainsi que le rocher dans lequel elle était ancrée.

 Murs d'accès au pont du C.D. 568 dans le prolongement du parapet détruits par de simples éclaboussures. En effet, le corps de la lave est passé plusieurs mètres sous la poutre du pont.

 Dépôts importants dans les extrados du lit. Il s'agit d'un élément essentiel pour l'atténuation des phénomènes. Il est révélateur de la vitesse de l'écoulement.

 Engravements importants, en particulier en aval du pont de la R.N. 94. Seuls des débordements secondaires ont concerné la chaussée. De volumineux curages ont été nécessaires en aval.

 

Plusieurs installations sur le cône de déjection ont été inondées, mais la vaste étendue consacrée au dépôt des apports du Boscodon, a permis de réduire considérablement les phénomènes (débit, hauteur et vitesse des écoulements), limitant ainsi les dégâts subits.

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